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L'angoisse de l'Européen raffiné.

Savez-vous ce qui terrifie un Européen raffiné, pétri d’histoire et ciselé par des siècles d’excellence artistique ?

Non, ce n’est point l’idée d’oser un terracotta audacieux sur les murs de la cuisine… (quoique..).


C’est plus intime, plus subtil. Presque charnel:


Échouer. Rater. Ne pas atteindre la perfection du premier coup.

Nous croyons qu’il faut un génie inné, du matériel d’exception, et des heures monastiques, ininterrompues, pour créer quelque chose qui vaille la peine d’exister....


Et, pire encore, nous sommes souvent persuadés que si notre œuvre n’est pas sublime… alors elle sera indigne d’être vue.

Quelle angoisse, quelle cruauté que celle de notre propre regard, parfois plus acéré que le scalpel d’un critique...

Alors que l'on oublie en parallèle que pour chaque artisan ou chaque artiste, il a fallu des années d'apprentissage et de reproduction des mêmes gestes avant de réussir la moindre oeuvre. Permettez-moi alors une confidence délicate : j’ai trouvé un motif zoomorphe d’entrelacs celtiques – un dragon superbe, mystérieux, presque érotique dans sa géométrie ondoyante – sur un obscur site d’achat en ligne.

Je l’ai recopié. Oui, recopié (bon avec quelques modifications ...je n'ai pu m'en empecher ) avec de simples crayons de couleur, un peu de gouache d’écolier (celle que j’ai, hum… “empruntée” à ma petite dernière – j’en ressens d'ailleurs encore une honte presque délicieuse; peut être mon petit côté pirate...).

Et je me suis laissée aller.

représentation celtique de l' angoisse par un dragon à la gouache
L'angoisse de l'imperfection

J’ai suivi les lignes, j’ai modifié quelques courbes, j’ai effleuré le papier du bout du pinceau, avec lenteur, avec soin.

Un geste après l’autre. Sans urgence. Sans pression. Non pas pour produire un chef-d’œuvre: mais pour occuper mes mains et discipliner mon esprit.

Voler quelques minutes à la tyrannie des obligations.

Car dans chaque ligne d’un entrelacs se cache une invitation au silence intérieur, un exercice d’attention, une forme de méditation païenne et sensuelle parfois, dans cette danse entre l’œil et la main. Cette peinture est encore inachevée. Elle mériterait quelques heures supplémentaires pour prétendre être “terminée”.

Mais ce n’est pas là que réside l’essentiel.


L’essentiel, c’est cette sensation subtile, enveloppante, d’avoir créé quelque chose; D’avoir existé autrement qu’à travers mes pensées ou mes mots; D’avoir touché – même brièvement – cette vibration si rare de l’instant pleinement vécu.


Et pourtant, surgit alors le dernier grand saboteur de notre bel esprit européen : la Honte.

  • Celle de ne pas faire “assez bien”.

  • Celle de penser que d’autres feraient mieux.

  • Celle d'avoir copié

  • Celle qui nous empêche d’être fiers de nos gestes simples, de notre sincérité imparfaite.

Alors, oubliez là! Que vous dessiniez, que vous cousiez, que vous pétrissiez une pâte à gâteau ou que vous griffonniez des vers maladroits à la lueur d’une simple ampoule de cuisine (ou que vous vous lanciez à enfin accrocher cette maudite ampoule...): faites-le!

N’attendez pas d’être génial... : Soyez simplement là. Présent. Authentique. Vibrant. Et surtout faites de votre mieux.

(et vous aurez aussi le droit de cacher votre oeuvre dans un placard avant d'attaquer la prochaine; Rassurez vous, les miens débordent de mes échecs présents et passés :-) )


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